Que signifie être frère?

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Brother Paul Bednarczyk, C.S.C. (center in green jacket) with other Holy Cross leaders at Lake Michigan.

Frère Paul Bednarczyk, C.SC. (au centre, veston vert) avec d’autres dirigeants du Holy Cross au Lac Michigan. (AVEC LA PERMISSION DU FRÈRE PAUL BEDNARCZYK, C.S.C.)


POURQUOI ÊTRE FRÈRE? Mieux encore, qu’est-ce qu’un frère? Les gens me posent souvent ces questions, et, en essayant d’y répondre, j’ai découvert qu’il y a une abondance d’idées fausses sur la confrérie religieuse. «Un frère est à mi-chemin de la prêtrise…la confrérie est une option pour ceux qui sont incapables de faire face aux études pour la prêtrise….les frères sont des religieuses masculines….» Et la liste continue.

Pour d’autres il est plus facile de définir un frère par ce qu’il n’est pas, au lieu de savoir qui et quoi il est. Ce n’est donc pas étonnant que certains disent que la vocation d’un frère est une des plus incomprises de l’église.

Historiquement, la plupart des gens ont associé les frères religieux à l’enseignement, soit comme professeurs soit comme administrateurs des écoles catholiques. Bien que beaucoup de communautés de frères gardent leur engagement à l’éducation catholique, nous ne sommes plus seulement dans les salles de classe. On peut trouver des frères dans les rues en train d’aider comme travailleurs sociaux les sans-abris, ou dans des hôpitaux comme professionnels de la santé, ou dans les paroisses comme associés pastoraux et partout dans le monde comme missionnaires.

Brother Paul Bednarczyk, C.S.C. has tea with a family near Mariamnagar, Bangladesh.
Bednarczyk a été invité à prendre le thé avec cette famille près de Mariamnagar, Bangladesh, lorsqu’il visitait cette région comme vicaire du Holy Cross. (AVEC LA PERMISSION DU FRÈRE PAUL BEDNARCZYK, C.S.C.)

Puisque beaucoup de laïcs dévoués font ces mêmes bonnes œuvres, il n’est pas possible de nous définir uniquement par nos ministères. Je préfère regarder la vie exceptionnelle d’un frère religieux dans son ensemble et le don qu’elle est à l’église et au peuple de Dieu.

Un pied d’égalité

Simplement dit, ce qui donne à notre vocation à la fois un sens et une identité, c’est notre vie comme des religieux consacrés. Nous sommes des laïcs qui se consacrent publiquement à Dieu et au ministère dans l’église à travers nos vœux de pauvreté, chasteté, et d’obéissance. Nous vivons dans une communauté afin d’avoir du support mutuel et de la compagnie, pour vivre et partager notre foi catholique et l’héritage commun de nos congrégations religieuses, et pour avancer notre mission dans l’église. Notre vocation n’est ni supérieure ni inférieure au mariage, à la prêtrise, ou à la vie de célibataire—ce n’est qu’une autre façon de réaliser notre appel baptismal.

Bien que le visage de la confrérie, comme celui du monde et de l’église, ait changé, le cœur de notre vocation demeure le même. Nous aspirons à approfondir notre relation avec Dieu, à servir ceux dans le besoin en donnant de nous-mêmes librement et totalement comme l’a fait Jésus, et à partager nos vies et notre foi les uns avec les autres en communauté.

Pour mieux comprendre la vocation d’un frère, regarde le mot lui-même. Frère, en vertu de sa définition, désigne une relation. Dans l’unité familiale, on ne peut pas être à la fois un enfant unique et être le frère biologique de quelqu’un. De même, dans la vie religieuse, comme frères nous ne sommes pas seuls. Nous sommes avec d’autres qui partagent de manière égale notre appartenance en vertu de nos vœux de pauvreté, chasteté, et d’obéissance.

En tant que frères dans une famille, nos relations avec les autres personnes sont plutôt d’ordre fraternel que paternel. Nous les rencontrons d’égal à égal, à leur niveau. Nous agissons de la même façon avec les gens avec qui nous vivons, avec nos amis à l’extérieur de la communauté, avec nos collègues laïcs, et avec ceux que nous servons. D’après mon expérience, même quand les frères occupent des postes d’autorité, ils dirigent avec un sens de collaboration, égalité, et de réciprocité. Permets-moi d’illustrer cette attitude de fraternité avec un exemple de ma propre vie.

Alexian Brother Tom Klein, C.F.A. takes time for prayer.
Les frères apprécient leurs vies de foi. Ils prient seuls et avec d’autres sur une base régulière. Ici, le frère Alexian Tom Klein, C.F.A., prend du temps pour prier. (AVEC LA PERMISSION DES FRÈRES ALEXIAN.)

Une présentation inhabituelle

Il y a plusieurs années, j’ai eu le plaisir de rendre visite à deux anciens élèves qui avaient été des pensionnaires à l’école secondaire dirigée par ma communauté. J’étais le sous-directeur de l’école et directeur du programme des pensionnaires, et j’avais donc vécu avec ces deux jeunes hommes pendant deux ans en tant que leur préfet. Ils faisaient maintenant leurs études universitaires et m’avaient invité à leur appartement pour un souper de pasta pour que je connaisse leurs petites amies et leurs colocataires.

Il ne faut pas oublier que pendant des années il était habituel pour les élèves de s’adresser aux frères comme «Bro» (brother). Bien qu’il ait fallu du temps pour m’y habituer, j’ai finalement reconnu le terme pour son amitié plutôt que pour sa légèreté. Alors, quand je suis entré dans le salon le soir de notre rencontre, mon ancien élève a tout simplement annoncé à ses amis : «Bien, tout le monde, voici notre Bro!» Pour lui, mon poste et mon titre à l’école n’étaient pas, de toute évidence, importants. Il importait que je sois son «Bro»--et cela faisait bien mon affaire.

Brother Paul Bednarczyk, C.S.C. on a visit to an orphanage run by the Franciscan Sisters of Mary in Chennai, India.
Bednarczyk lors d’une visite à un orphelinat dirigé par les Franciscan Sisters of Mary à Chennai, Inde. (AVEC LA PERMISSION DU FRÈRE PAUL BEDNARCZYK, C.S.C.)

En rentrant à la maison ce soir, j’ai commencé à penser à cette présentation inhabituelle. Je me suis senti apprécié et soutenu pour qui j’étais véritablement en personne. Mon rôle comme directeur ou préfet était secondaire—mais pour ces jeunes hommes j’étais avant tout un frère. J’étais leur frère.

Chacun de nous qui est appelé à cette vie montre qu’il est possible d’interagir avec les autres d’une manière non supérieure, tout en conservant l’intégrité comme ministres. Ceci fait partie du don qu’apportent les frères religieux à l’église, un don que les autres reconnaissent dans notre hospitalité, nos institutions et dans nos célébrations.

La communauté au centre

L’aspect fraternel de la confrérie fait que la communauté religieuse est intégrale à notre vocation. En prononçant publiquement nos vœux en communauté, nous reconnaissons notre nature de pécheurs et avouons notre dépendance les uns des autres pour nous aider à vivre fidèlement nos vœux. Puisque nous renonçons au mariage et à une famille, nous comptons les uns sur les autres pour du support, des défis, et de l’encouragement. En nous servant des premiers apôtres comme exemples, nous mettons nos ressources en commun—les financières et les talents personnels—pour le bien commun de la communauté et pour le service aux autres.

Nous pouvons être des individus avec notre caractère, nos opinions et notre personnalité, mais nous savons aussi que nous sommes des représentants publics de notre communauté et de notre église. Nous ne fonctionnons pas comme des agents indépendants dans l’église.

De même nous nous engageons dans la mission commune de notre communauté. Peu importe si l’on travaille comme directeur d’un bureau de service social, comme cuisinier dans une soupe populaire, comme directeur d’école ou comme directeur paroissial d’instruction religieuse, le prestige de son ministère individuel n’a pas d’importance. Nous tous partageons une responsabilité égale dans la mission commune de notre congrégation religieuse.

Les valeurs que nous préconisons sont loin de celles promues par notre culture séculière. Alors que l’individualisme, l’avancement personnel, et les privilèges sont des virtus dans le monde corporatif, nous choisissons une vie qui encourage l’interdépendance et montre une indifférence au statut. Alors que la culture américaine glorifie le sexe, l’argent, et le pouvoir, nous choisissons de vivre ensemble une vie de célibat, de pauvreté, et d’obéissance.

Le frère bénédictin James Jensen, O.S.B., donne un coup de main à une banque alimentaire. Les frères s’engagent dans une ample gamme de ministères. (AVEC LA PERMISSION DE L’ARCHABBAYE SAINT MEINRAD.)
benedictine Brother James Jensen, O.S.B. helps at a food bank.

Pas étrangers aux luttes

Nos idéaux élevés, pourtant, ne nous protègent pas des luttes et des douleurs de la vie. Il suffit que nous regardions la vie de Jésus-Christ. Avant sa résurrection glorieuse, le Christ a dû endurer sa passion et sa mort. Étant donné la nature de l’imperfection humaine, peu importe le choix de vie que nous faisons, nous allons rencontrer notre propre calvaire. La souffrance fait partie de la vie, mais en tant que chrétiens, nous devons découvrir comment la souffrance peut devenir un don pour nous-mêmes et pour d’autres.

De même que la vie en communauté peut être nourrissante, le fait de vivre avec d’autres hommes de différents âges, différentes théologies et personnalités peut aussi être une leçon de patiente endurance. Les frères doivent avoir la volonté de travailler dur, de s’adapter, et de pouvoir faire face à la frustration. Nous essayons d’avouer nos faiblesses et de maîtriser nos épreuves, car nous croyons aux pouvoirs rédempteurs du Christ. Heureusement, nous ne faisons pas ceci tout seuls, mais avec d’autres dans la communauté.

D’autres avant nous ont relevé le défi de vivre en tant que frères. Depuis longtemps, la confrérie religieuse a une place particulière dans l’histoire de l’église. Commençant avec les disciples du saint François d’Assise jusqu’à ceux de Jean Baptiste de La Salle, Basil Moreau, Edmund Rice et Jean de Dieu, nos prédécesseurs sortaient en groupes de deux ou trois. Ils répondaient résolument aux besoins non comblés de notre monde par l’évangélisation, l’enseignement et des soins de la santé.

Le plus fréquemment, ces anciens frères étaient des hommes humbles dans leurs ministères et dans leurs vies; des fois ils étaient si humbles que les gens n’arrivaient pas à comprendre exactement qui ils étaient. Beaucoup de héros similaires qui s’appellent «frère» existent aujourd’hui, se tenant avec tous les gens dans leur solidarité, amour, et service fraternels.

Qui sait? La vocation de frère n’est peut-être pas une vocation ecclésiastique si mal comprise; peut-être est-elle simplement un des secrets les mieux gardés de l’église.

Une version de cet article est apparue dans VISION 2007. Article connexe: VocationNetwork.org. «Brothers : Keepers of the faith.»

Brother Paul Bednarczyk, C.S.C.
Frère Paul Bednarczyk, C.S.C. a travaillé dans l’éducation, la formation et le ministère des vocations. Pendant 14 ans il était le directeur général de la National Religious Vocation Conference. Présentement il vit à Rome et c’est le vicaire général de sa congrégation.

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